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TRIBUNE accueille mes points de vue convivialistes liés à l'actualité.
ARCHIVES 2019

Non à des retraites à points qui visent à réduire la masse des pensions ! -- (décembre)
Etat d’urgence planétaire -- (8 octobre)
Les promesses de progrès de l'humanité -- (12 juin)
Répondre à l’espoir des Gilets Jaunes -- (15 avril)
L'Europe par le haut ou par le bas? -- (1er avril)
Vœux 2019 - Se libérer du monopole de la voiture- pour avancer vers un monde nouveau -- (14 janvier)


Non à des retraites à points qui visent à réduire la masse des pensions !

Tribune publiée sur altersociétal en décembre 2019

La raison principale de la mise en place d'un système par points, estime Marc Humbert, professeur émérite d’économie politique, université de Rennes, c'est de permettre au gouvernement de réduire la masse des pensions et de baisser la dépense publique .

Le droit pour presque tout un chacun de bénéficier d’une pension de retraite n’a été obtenu qu’après la deuxième guerre mondiale. Avec un cadre qui va vraiment se généraliser à toute la population, un système par répartition, et des modulations en raison des spécificités des métiers. Les conditions en ont été peu à peu améliorées jusque 1982, avec la retraite pleine à 60 ans. Après une dure vie de labeur, les anciens sont pris en charge par la société qui leur assure maintien de leur niveau de vie et soins nécessaires pour finir dignement leurs jours.

Le mouvement s’est ensuite inversé. On a progressivement durci les conditions d’obtention et diminué les montants à percevoir. Le projet actuel de réforme souligne l’intérêt de reculer la date de départ et la durée des cotisations. L’espérance de vie est de 80 ans, soit 20 ans de plus qu’en 1950 et tout le monde entend faire des études. Mais entrer dans la vie active à 25 ans pour en sortir à 60 ans cela signifie vivre du fruit du travail des autres pendant 45 ans (20 de retraite et 25 de formation) en n’ayant travaillé que 35 ans. L’argument semble bien pesé.

Pourtant non seulement le système actuel est en équilibre, mais les calculs de la commission européenne montrent une baisse de 3,3% du PIB des dépenses de retraite, entre 2016 et 2070. C’est que de nombreuses variables jouent au-delà de la seule espérance de vie. Alors pourquoi se lancer dans une telle réforme ? La raison centrale, c’est de permettre la réduction de dépenses publiques, grâce à la mise en place du système de retraite à points.

Apporter plus de justice oui, réduire la masse des pensions, non.


Certes le projet invoque le souci de rétablir plus de justice dans le système. Là-dessus l’accord est général, mais cela implique d’abord le maintien de la diversité des régimes qui vient de ce souci de justice, d’ailleurs, le gouvernement évolue vers cette idée.

Une question de justice particulièrement importante c’est la prise en compte différenciée de la pénibilité des emplois. Un bon accord avait été obtenu en 2014, mais le patronat s’y est opposé, le restaurer apporterait plus de justice. Mais il n’est nul besoin pour cela de se lancer dans un système à points. De même, une autre question fondamentale de justice est la manière dont sont traitées les femmes. Là aussi, il y a beaucoup à faire, mais si les propositions de M. Delevoye vont dans le bon sens, elles peuvent être appliquées sans qu’il soit nécessaire d’introduire un système à points. Enfin si on veut relever le minimum de retraite à 85% du Smic, là encore nul besoin d’un système à points.

La volonté gouvernementale, son coup de poing contre les retraites, modifie totalement un aspect important du système. Ce qu’on cotise détermine jusqu'à aujourd’hui, le montant de la retraite, demain seul le montant à cotiser serait connu, sans savoir ce que l'on percevra. Car la valeur du point est à la disposition du gouvernement. C'est là son coup de force: s’arroger le droit de décider chaque année la valeur du point. Dans un cadre quinquennal visé par le parlement qui dans le système politique actuel est à sa botte. Certes sans pouvoir baisser cette valeur, mais une simple stagnation rognerait le pouvoir d’achat des retraites en raison de l’inflation.

Et si l’on veut alléger les dépenses de retraite, il suffirait de revoir la loi travail, pour que les emplois soient attractifs, bien rémunérés, permettant l’épanouissement de chacun. Alors, tous, nous chercherons, bien après 60 ans, à garder une activité que la société apprécie, comme restent actifs nombre d’écrivains, d’artistes, d’artisans, de commerçants, de journalistes, d’hommes politiques dévoués…

Marc Humbert
Professeur émérite d'économie politique à l’université de Rennes
Vice-président de l'association des convivialistes


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Etat d’urgence planétaire

Tribune publiée dans Ouest-France en ligne le 8 octobre 2019 - - version facsimile pdf à
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Nous sommes en état d’urgence planétaire pour décider d’une bifurcation du Monde, estime Marc Humbert, professeur émérite d’économie politique, université de Rennes. Pour lui, une « véritable révolution conviviale est indispensable ».

Nous regardons, impuissants, la maison qui brûle. Des enfants hurlent de peur, comprenant l’inefficacité des gouttes d’eau que déversent des colibris. Nous attendons des mesures fortes, un programme international radical, que seuls des responsables politiques peuvent concocter et lancer. Sans cela une grande partie de l’humanité – pas l’oligarchie des plus riches- va connaître de terribles souffrances. Pires que celles qu’elle endure déjà.

Nous sommes en état d’urgence planétaire pour décider d’une bifurcation du Monde. Certes ce n’est pas la première. Il y a eu celle qui a fait naître sur la Terre, à peine constituée, les premiers organismes vivants, voici moins de quatre milliards d’années. Elle a déclenché une explosion de vie, avec des accidents, comme l’extinction des dinosaures. Juste après celle-ci, apparurent les primates dont les hominidés sont nés il y a quelques millions d’années. Et là, c’est d’eux, que vint une nouvelle source de bifurcation, avec la naissance, voici moins de 200 000 ans, des espèces humaines.

Humaines parce qu’elles améliorent grandement des techniques, en premier de fabrication d’outils, mais aussi parce qu’elles adoptent tout un ensemble de pratiques sociales nouvelles. Au-delà des activités instinctives ou/et utilitaires, les humains enterrent leurs morts, ils décorent des lieux avec art, ils procèdent à des échanges symboliques entre eux et avec leur milieu, échanges qui sont au cœur de leur existence. De ces quelques espèces, la nôtre, homo sapiens, a perduré, perpétuant, généralisant cette conscience collective réflexive et cette interdépendance.

Le « paysage humain »


La complexification du système neuro-cognitif des humains a accompagné cette mutation et renforcé leurs capacités techniques à mettre le monde à leur service. Le processus s’est sur-accéléré à deux moments. En premier, au néolithique. Ce n’est pas seulement le passage de l’époque des chasseurs/cueilleurs à celle d’agriculteurs/éleveurs dont la population prolifère.

C’est aussi la nouvelle manière d’habiter la terre de certains groupes humains. Le « paysage humain » devient celui des cités et des empires, de l’écrit, de l’histoire et de la littérature, de la philosophie et des mathématiques. Ces dernières ont préparé la suite, par l’essor de la pensée, l’accumulation des connaissances tant techniques que spéculatives, et les accumulations matérielles liées à l’emprise déjà forte – et inégale selon les lieux- sur l’environnement.

Inégalités


En second, l’idéologie de la pensée qui libère les humains de tout respect de limitations, matérielle, intellectuelle, spirituelle, va permettre l’explosion technico-industrielle. Elle surmultiplie l’impact sur l’environnement à tel point qu’elle ouvre, il y a moins de 300 ans, une nouvelle ère géologique : l’Anthropocène. Elle menace l’habitabilité de la Terre pour les générations futures et donc la survie de l’espèce.

N’oublions pas que cette explosion a aussi surmultiplié les inégalités entre les humains – et aujourd’hui les migrations. Inégalités entre les groupes « riches » en phase avec cette accélération techno-industrielle permanente, et les groupes à la traîne. Entre pays « riches » et pays « pauvres ». Si ceux qui vivent au ralenti prenaient le rythme des plus rapides, la menace sur l’habitabilité de la Terre serait décuplée. Il faudrait 5 planètes pour que tous les humains vivent comme le nord-américain moyen.

Une véritable révolution conviviale est indispensable et exige, comme disait Illich, « un accord politique d’auto-limitation ». Il n’y a pas d’alternative.

Marc Humbert
Professeur émérite d'économie politique à l’université de Rennes
Vice-président de l'association des convivialistes


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Les promesses du progrès de l'humanité

Tribune publiée dans Ouest-France le 12 juin 2019 - - version facsimile pdf à
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L’idée de progrès semble une antienne du passé car nombre d’intellectuels, suivis par une partie de l’opinion publique, se focalisent sur les catastrophes qui menacent. L’un des rares à se montrer optimiste était le regretté Michel Serres. Il n’avait pas l’optimisme béat. Son optimisme s’appuyait sur des observations : l’espérance de vie monte partout, il y a une réduction du nombre des victimes de guerre, une réduction du pourcentage de la population mondiale souffrant de la famine.

Il soulignait l’évolution forte de la puissance des outils disponibles. De formidables avancés scientifiques ont permis l’amélioration des outils de la médecine, des outils de la production de biens et services, des outils de communication et de la culture entre les humains, au sein et entre les sociétés.

Certes, il ne s’agit pas de confondre les moyens et les fins. L’extraordinaire évolution des capacités de notre humanité ne dit en elle-même rien sur la manière dont seront utilisées ces capacités et l’augmentation de la quantité de vie, ne dit rien sur sa qualité. Vers quelles fins nous dirigeons-nous ? Dit autrement, est-ce que des progrès que nous ferons, l’humanité sortira-t-elle grandie ? Répondre à la question suppose de porter un jugement éthique sur les progrès, un jugement qui s’appuie sur une conception de ce qu’humain veut dire.

Toute conception doit prendre en compte ce que la science a montré. Ainsi, il est établi que chacun partage, avec 8 milliards d’individus, le même sort d’être un représentant d’une espèce naturelle issue d’une longue évolution depuis les bactéries nées sur cette planète, et d’avoir pour principale richesse, dans cet habitat où il est né, de mener sa vie, ensemble avec d’autres, et tout d’abord en nouant des relations privilégiées dans le cadre de petits groupes. A ces éléments appuyés sur la raison peuvent s’ajouter d’autres tenant à un choix éthique. Nous tenons à une humanité qui permette à tous les individus de la planète de pouvoir mener une vie autonome, et de s’épanouir. Nous tenons à ce que les relations entre les individus ne soient pas des relations de dépendance, mais d’interdépendance, que les groupes sociaux ne soient pas des lieux de dictature sur leurs membres, mais des lieux de délibération contradictoire pour qu’ils décident tous ensemble de leurs manières de s’organiser et de fonctionner. Bref une humanité « conviviale ».

Progrès écologique, social, politique ...


Le progrès d’une telle humanité se fera dans les directions qui la fondent. Le progrès écologique préservera notre habitat, il en tirera une production entièrement bénéfique pour notre santé, en meilleure symbiose avec les autres espèces, et assurant le bien vivre aux générations futures. Le progrès social va permettre l’accès de chacun à une vie digne, c’est-à-dire la possibilité de contribuer à la vie de la société et de mener une vie personnelle et sociale satisfaisante. Même sans croissance globale, l’amélioration de la structure de la production et l’amélioration de la répartition permettront ce progrès social.

Enfin le progrès politique va permettre les précédents. Il offrira à chacun de coopérer avec tous pour le bien commun, il organisera les délibérations pour gérer la vie collective, du local au mondial. Si la compétition et l’émulation resteront des ressorts essentiels au progrès ils seront encadrés par des processus de coopération qui éviteront les massacres et les démesures par ceux qui se penseraient les meilleurs. Plus que jamais, mobilisons-nous par les discours et par les actions pour que se réalisent ces promesses de progrès pour l’humanité.

Marc Humbert
Professeur émérite à l’université de Rennes
Vice-président de l'association des convivialistes


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Répondre à l’espoir des Gilets Jaunes

Tribune publiée sur altersociétal le 15 avril 2019

Lançons un grand emprunt de solidarité nationale pour permettre des réponses aux espérances des Gilets Jaunes. Le Grand Débat était censé collecter toutes les revendications du peuple de France, qui seraient examinées avec soin. Le président Macron en prendrait connaissance pour prendre des décisions et orienter les politiques à venir. C'est la protestation, qui se poursuit,organisée par Les Gilets Jaunes, qui a conduit le président à l'organisation d'un Grand Débat. Il l'a utilisé pour faire un tour de France présidentiel. Après lecture synthétique d'une partie des comptes rendus, il s'apprête à faire des annonces. Répondra-t-il en cela aux espérances des Gilets Jaunes exprimées avec l'approbation du peuple depuis la mi-novembre? Si des mesures symboliques sont peu coûteuses, restaurer du pouvoir vivre exige aussi des moyens; pour dépasser les contraintes ne serait-il pas pertinent de lancer un grand emprunt de solidarité nationale?

La plupart des Gilets Jaunes sont des personnes pleines d’énergie qui se sentent bridées par des injustices subies du fait de la société. Pourtant elles gardent l’espoir qu’il puisse y être remédié, et elles puisent dans leur énergie la force de protester pour faire vivre cet espoir.

Mille et une « catégories » de la population évoquées par les journalistes, et autres analystes, ressentent, elles aussi, le fonctionnement de la société comme injuste. Mais sans participer à ce mouvement des Gilets Jaunes. C’est que certaines doivent se concentrer sur leur survie, tandis que d’autres, mais aussi les mêmes, mettent leurs espoirs ailleurs. Sur la possibilité d’un changement politique qu’amènerait l’avancée de tel ou tel parti d’opposition. Une majorité de la population française est en empathie avec ce sentiment d’un fonctionnement injuste de la société et pense que ce sont ces injustices qui rendent la vie trop difficile à beaucoup, réduisent leur pouvoir vivre.

Les Gilets Jaunes ne forment pas un mouvement qui cherche à prendre le pouvoir et à appliquer un programme politique et ne se sont pas fait récupérer par des partis politiques. C’est qu’ils perçoivent que le ras-le-bol d’injustice qu’ils partagent sur les ronds-points n’est pas imputable à un seul camp politique. Il résulte de l’accumulation de ce que firent les gouvernements de droite comme de gauche alternativement puis se disant ni de droite-ni de gauche.

Un grand emprunt de solidarité nationale


Leurs revendications phares montrent qu’ils nourrissent l’espoir de voir la société se tourner vers eux avec empathie en prenant les mesures symboliques qu’ils attendent : rétablissement de l’ISF, mise en place du RIC, réduction de la TVA des produits de base, continuité territoriale des services publics, redynamisation des zones « périphériques », relèvement des minimas de vie. Pourtant la France a déjà un taux de pauvreté parmi les plus bas des grands pays du monde, mais ce n’est pas assez pour les Gilets Jaunes.

Et d’ailleurs ce ne sont pas les plus pauvres qui mènent la protestation, ce sont des personnes qui souffrent plus que les 20% les plus riches d’une tension forte liée au ralentissement long de la croissance. Au-delà des 1% les plus riches qui ont continué à s’enrichir, l’amélioration du pouvoir d’achat a peiné pour tous mais plus pour la grande majorité. Entre 1996 et 2016, le revenu médian (celui qui partage les Français en deux parts égales) a augmenté de 270 euros par mois tandis que le revenu des 20% les plus riches s’accroissait de 950 euros. Avec pour tous, entre 2006 et 2016, une quasi-stagnation plus difficile à supporter avec un revenu faible, quand on est touché par un chômage plus ou moins long, par la maladie, une rupture familiale, quand on prend la retraite, quand on vit en certaines zones, avec une formation insuffisante ou mal adaptée, notamment chez les jeunes qui vont de cdd courts en petits boulots etc.

Pour relever le pouvoir vivre du plus grand nombre, on ne pourra faire sans augmenter la dépense publique. Mais alors comment réduire les impôts, comment ne pas accroître la dette – soumise à la finance mondiale ? Il y a une solution possible : lancer un grand emprunt de solidarité nationale, à taux réel nul, et réservé aux Français ! Ce serait un grand élan de solidarité nationale pour une société plus juste, couvrant le déficit public, prêtant aux générations futures avec un endettement non soumis à la finance mondiale.

Marc Humbert
Professeur émérite à l’université de Rennes


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L'Europe par le haut ou par le bas?

Tribune publiée sur altersociétal le 1er avril 2019

La dite construction européenne reste une opération menée par le haut. Même si l'Europe d'en bas existe : chaque pays envoie "ses" députés au parlement "européen". En effet, ces députés, sont-ils supposés représenter leur pays dans le dialogue entre les 27? Non, une fois élus ils se mélangent et se regroupent par affinités politiques pour voter selon leurs options politiques de groupe. Seuls les gouvernements, les ministres représentent leurs pays, essaient de faire avancer les positions nationales et font les négociations entre les 27. Ils fabriquent ainsi avec leurs technocrates et ceux de la commission, l'Europe par le haut.

L’Europe a été construite par le Haut. Cela a été un projet de l’élite, bien avancé entre les deux guerres. Un manifeste européen avait été lancé par Richard Coudenhove où il écrivait « Est-il possible que sur la petite presqu’île européenne, 25 Etats vivent côte à côte dans l’anarchie internationale… Une Europe divisée conduit à la guerre, à l’oppression, à la misère, une Europe unie à la paix, à la prospérité ».

Il a réussi à réunir à Vienne, en 1926, plus de 2000 congressistes de 24 pays leur proposant l’Ode à la joie pour hymne européen et le principe d’un jour férié commun en mai. Adhèrent alors au mouvement des intellectuels et des personnages politiques de premier plan: Paul Boncour, Aristide Briand, Joseph Caillaux, Winston Churchill, Paul Claudel, Albert Einstein, Edouard Herriot, Louis Loucheur, Heinrich et Thomas Mann, Jules Romain, Bernard Shaw, Paul Valéry, …On sait la suite, la crise, la montée des fascismes, à nouveau l’horreur de la guerre à un degré supérieur, entre Européens, à l’échelon planétaire.

La réflexion intellectuelle, la sagesse du philosophe, la vision du politique, tout concourt à proclamer que le rapprochement des nations européennes serait un bien pour toutes, intrinsèquement, et certainement un bien collectif eu-égard aux relations avec le reste du monde. Les élites au pouvoir après 1945 ont poussé à ce rapprochement, mais en sanctuarisant l’identité, les forces de chaque nation. Pas d’hybridation, chacun garde sa langue, son armée, ses armements, chacun garde son droit de la famille, son droit du travail, son droit des entreprises, sa fiscalité, sa protection sociale, son budget, ses ambassades à l’étranger, son siège à l’ONU.

Construire une communauté humaine plus qu’un marché commun


La construction de l’Europe par le Haut s’est faite par une ouverture réciproque des frontières pour la création d’un grand marché où peuvent s’affronter librement les plus compétitifs. En Euro pour beaucoup. C’est là la tâche de Bruxelles qui pour cela « normalise ». L’Europe du Bas, le citoyen européen lambda, y trouve son compte en tant que consommateur, mais avec un accès limité par son revenu, au niveau très différent d’un pays à l’autre.

Reconnaissons deux petits points positifs outre l’absence de conflits au sein de l’UE. L’agriculture fut, un temps, une exception bénéficiant aux consommateurs et aux agriculteurs, mais cette exception a vécu. Et ce secteur est mis en cause par un autre petit point positif, les normes environnementales imposées dans toute l’Europe et pourtant insuffisantes. Insistons bien sur le caractère microscopique de ce positif eu-égard à ce qui gère la vie quotidienne de l’Européen d’en bas.

La consultation européenne menée en 2018 éclaire sur ce que souhaitent les citoyens pour l’Europe. Plus de progrès pour l’environnement, pas (seulement) des normes, mais de l’économie circulaire, la disparition des pesticides etc. Et réserver à tout Européen le même traitement partout en Europe, le même droit aux travailleurs, le même droit aux soins pour chacun, une sorte de carte vitale européenne. Plus de justice fiscale. Bref, si on veut construire l’Europe par le Bas, il faut donner à chacun la possibilité de se sentir « chez lui » partout, payé et bien protégé de la même manière. Ajoutons que cela implique aussi d’être compris partout et de pouvoir délibérer partout, démocratiquement. Pour cela il faut que nous apprenions dès la petite enfance une langue commune et qu’on mette en chantier une vraie communauté transfrontière…une République Fédérale Européenne.

Marc Humbert
Professeur émérite à l’université de Rennes


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Vœux 2019 - Se libérer du monopole de la voiture- pour avancer vers un monde nouveau

Tribune publiée sur Ouest-France le lundi 14 janvier 2019 - version facsimile pdf à télécharcher C'est la revision d'un texte paru comme "voeux"le 1er sur altersociétal

La transition vers un monde nouveau doit être amorcée en maints domaines. Par exemple celui de l'automobile, objet central de ce monde ancien qu'il faut profondément rénover.

L'automobile devint omniprésente vers 1960. L'Europe de la PAC fit passer les paysans de la traction animale au tracteur dans les champs et de la voiture à cheval à la camionnette pour faire le marché. En ville, des camions hippomobiles livraient encore le charbon, les colis, les produits laitiers.

Déjà en 1968, un ménage français sur deux dispose d'une automobile mais les vastes parkings des premiers campus universitaires sont vides.

Tout bascule ensuite. Les rues sont retracées, des parkings créés, des rocades ceinturent les villes reliées par un réseau d'autoroutes avec ouvrages d'art et voies aériennes. On rêve d'une voiture qu'on bricole et qu'on bichonne.

On travaille en ville, on vit à l'extérieur, on part en vacances en famille, à la mer, à la montagne, à l'étranger. On fait ses courses à l'hyper en périphérie, on conduit les enfants à l'école, au stade sportif, chez des copains.

Les villes, les infrastructures, la sidérurgie, les recherches, le recul du transport collectif hors zones urbaines sont autant de domaines où s'impose le monopole radical de l'automobile. Pour se déplacer en ville au-delà du centre, entre les villes, l'automobile devient indispensable. Un monopole dont Illich, le penseur de la convivialité, soulignait le caractère contre-productif.

Un véhicule individuel passe 80 % de son temps à l'arrêt et une bonne partie du reste dans des embouteillages pour un trajet qui se ferait - au moins en ville- plus vite à pied ou à vélo. Sa production est coûteuse en ressources, son utilisation aussi, les « progrès » la rendent vite obsolète et il faut la mettre à la casse alors que son emploi produit des pollutions pour la santé humaine et des gaz à effets de serre nocifs pour la planète.

La ville aux piétons


Les lobbies attachés à l'automobile font rêver d'un véhicule individuel automatique, électrique et confortable comme un salon de détente.

Pure folie me semble-t-il d'imaginer doter tous les Français d'un tel engin coûteux auquel il faudrait adapter les rues, les routes et autoroutes sans rien gagner en ce qui concerne nos vrais besoins de transport en zone urbaine, entre périphéries et centres-villes et entre villes. Qui plus est en faisant disparaître les plaisirs anciens du pilotage et de la mécanique.

Pour plus de confort, mieux vaut améliorer l'habitat et son isolation et en assurer un accès à chacun. Et eu égard à l'automobile engageons les réformes nécessaires pour nous libérer de son monopole radical. Formulons des voeux pour que ce cap clair soit envisagé.

Donner peu à peu pleine priorité en ville aux piétons, aux handicapés. Par des trottoirs agréables, des accès par escalators et ascenseurs à des transports en commun gratuits, des trottoirs roulants dans les longues rues passantes. Faciliter l'usage des vélos et véhicules étroits à vitesse limitée, à travers la ville et jusqu'en périphérie, par des pistes en site propre. Des transports en commun denses, fréquents et non polluants de la périphérie vers les villes, entre les villes, et dans les campagnes. Des systèmes de taxis et d' « autolib » pour les déplacements impossibles autrement.

Établissons un plan de manière largement concertée pour aller vers un monde nouveau. Avec moins d'automobiles. Ses mesures, avec les aides nécessaires, décidées ensemble, nous les suivrons dans notre intérêt immédiat et futur. Commençons dès 2019 !

Marc Humbert
Professeur émérite à l’université de Rennes


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