convivialisme
Pour que l’humanité survive, elle n’a pas d’autre possibilité que de changer son système de représentations, de décoloniser son imaginaire collectif de l’économisme et des vieilles idéologies et poursuivre un nouvel idéal. Nous proposons de nommer ce nouvel idéal à construire, « convivialisme », de proclamer inlassablement sa nécessité, et de contribuer collectivement à la définition progressive de ses contours.
Le convivialisme est un terme pour désigner un idéal en voie de définition ; cet idéal doit permettre de dépasser plusieurs idéologies que nous avons connues jusqu’ici et qui n’ont pas réussi à nous faire entrevoir un avenir radieux. Chacune repose sur des principes qui ont tour à tour guidé des « révolutions », des expériences politiques ou simplement des oppositions. Le libéralisme, le socialisme, l’anarchisme, le communisme, chacun avec son argumentaire, parait louable. Prétendre que nous voulons les dépasser est un défi gigantesque mais indispensable à relever car il n’y a pas d’autre voie pour éviter l’effroyable catastrophe qui se profile à l’horizon. Le point crucial est de parvenir à rééquilibrer les forces qui poussent chacun de nous à l’action.
Le moteur du « progrès » passé, le modèle de l’homo economicus, s’est emballé comme un cheval fou, devenant hyper-dangereux sous la mise en œuvre par un petit nombre, une oligarchie mondiale, inégalement répartie sur la planète. Il faut parvenir à contrôler et renverser la vapeur de ce moteur et à faire fonctionner, à plein régime, un autre moteur, celui du modèle de l’homo convivialis. C’est en fait le modèle que suivent le plus grand nombre des êtres humains ; ils sont 99% dans le monde, mais ils sont contraints à la passivité, à la routine silencieuse, seuls quelques dizaines de millions sont en opposition déclarée face à l’oligarchie dominante. L’homo convivialis est le modèle d’un comportement individuel guidé par la recherche, en interaction avec les autres et la nature, de la vie bonne dans une bonne société, une société juste où chacun agit selon la règle d’une pratique de convivialité (adaptée d’Illich) :
Il faut que cet idéal qui guide déjà de facto la plupart des êtres humains puisse prendre une forme explicite et devienne la gouverne de notre humanité pour la sauver. Sa définition pratique peut s’appuyer sur un projet de déclaration universelle d’interdépendance générale. Elle est au cœur d’une approche politique et éthique des activités humaines.